C'est l'œuvre pour le clavecin de Louis Couperin (c1626-1661) qui le fait passer à la postérité. Ces pièces (environ 130) ne furent pas éditées de son vivant, mais recopiées dans plusieurs recueils manuscrits, sans être groupées sous la forme de suite de danses dont elles relèvent pour la plupart. Ses préludes non mesurés à la manière des luthistes et ses chaconnes sont les pièces les plus personnelles et les plus remarquables.
Un prélude non mesuré est un prélude dans lequel la durée des notes de musique n'est pas indiquée, et laissée à l'inspiration de l'interprète. Cette pratique fut assez spécifiquement mise en œuvre dans la musique française au XVIIe siècle, par les luthistes et clavecinistes : la notation, de façon conventionnelle, n'utilise que des rondes, sans barre de mesure ni indication de rythme. Les premiers préludes non mesurés apparaissent à la Renaissance sous forme de courtes pièces improvisées par le luthiste, habituellement jouées comme introduction et pour éprouver l'accord de l'instrument. Les préludes non mesurés adaptés au clavecin apparurent vers 1650. Louis Couperin est le premier claveciniste connu pour avoir adopté cette forme d'improvisation contrôlée, spécialité dans laquelle il n'a jamais été surpassé. Ses préludes sont notés en longs groupes de rondes reliées par des courbes allongées et ondulées : ce style de notation lui est spécifique. Impressionnants par leur ampleur et leur complexité, ses préludes représentent de magnifiques exemples de liberté et d'improvisation organisées.