Le chant français du XVIIème siècle se propose d'illustrer, par tout un jeu d'agréments, les moindres nuances des affects d'une poésie : galanterie, insolence, plainte ou supplication amoureuse, dédain, cynisme deviennent le canevas d'une infinité de tournures verbales souvent contradictoires et contrastées. Le compositeur et poète normand Bénigne [Bertrand] de Bacilly (1621-1690) a consacré toute sa vie à la réforme du chant, ainsi qu'en témoigne son monumental traité "L'art de bien chanter" paru en 1668, décrivant la théorie de la prononciation du français selon un code de syllabes longues et brèves sur lequel s'appuie toute la technique d'ornementation du chant. Ses propres pièces musicales illustrent à merveille la technique d'ornementation et de vocalisation et soulignent, par l'usage de la mélodie et de ses infinies métamorphoses, le contenu textuel quasiment musico-poétique si représentatif des airs profanes français de l'époque.